La pêcherie

Lorsque la caresse se fait plus intime les mots s'écoulent et bordent les lieux

C’est bancal.
L’amour est bancal.
Il ne manque pas de charme, mais il est bancal.
Trop de corps à épouser. Trop de larmes à essuyer. Trop de cœur à essorer.
L’amour est bancal. L’amour est bancal.

Je poserai bien mes doigts sur une bouche,
ma main sur un sein, ma verge dans le sillon de ton étreinte.
Et de ma langue je sucerai ton cardinal,
il s’écoulerait, vulve entrouverte à ton anus tout resserré.
Avec mes mots, et sans mes larmes, je boirai suc dedans tes charmes.
Parfums sucrés, boisés, sirupeux, délicats.

Je les ai dans ma bouche, ton eau s’y écoule et je pare.
Je me lèche le pourtour,
mes lèvres, les tiennes, le doux, le chaud rien ne diffère.
Je remonte le sillon de ta croupe lentement.
Deux barricades, je les entrouvre, de la gauche, de la droite,
je les repousse, je joue avec.

Tout y est tiède, même le repli.
Alors, volupté délicieuse,
me voici descendre au plus bas.
Là ton anneau est bien moins ferme,
Habité, il en demande et se baigne.
Ne plus trembler sous la menace.

Ma langue pointe, elle s'y engage ;
Enfoncée, sirupeuse, jusqu’à la butée de mon visage.
Dans ces mouvements d’avant arrière,
je fais le tour de ton anneau.
Je porte et dessine les contours de l’enfer.

Et puis pour ne pas rester lettre morte,
je replonge à l’avant, car là lentement,
pendant que deux doigts et puis trois à ton cul font passage,
mon pouce et mon index glissent et remontent jusqu’à la pointe de ce monde tout entrouvert et qui suinte.
Parvenus, l’aventure commence, tous se bordent de l’intérieur.

Partout, je glisse, joie des sillons enfoncés,
je pince, ma caresse se joue de ce qui reste de paroi.
Je t’entends gémir à deux mots, ici, en bas, et puis là, et au-delà.
Quelles multiples extases.

Les amours sont bancals mais les caresses ont leur charme
Oh que jamais vraiment ne se fane
nos amours restés bancals.

janvier 2023

Bord de la nuit et bord d'écrou

Ecrire de l'image de soi

Une photographie sans gants blancs