il est un pas qui se franchit. L'image s'inscrit dans le cadre de l'appareil, on fixe, on déclenche. Le miroir se referme, la pellicule est insolée.
Dans les images choisies et présentées, dans celles à venir, le reflet joue dans le miroir et le corps se présente ; il s'élève à notre regard. Dans quelques heures, dans quelques jours, il sera offert à d'autre regard, ne laissant plus que la trace de quelques mots venant signer la prise, la pose, le champ et sa profondeur.
Ici l'écriture n'est jamais bien loin, elle s'édite, elle s'illumine.
Les photos que vous observerez sont organisées par thèmes. Ce sont des séries prises dans des lieux, des temps, des espaces. Pour chaque série un fragment de texte introduit le sujet.
À vous de vous y inscrire si vous le désirez.
David le Jeune
30/12/2023
Les deux voix - Acte 1
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Des mots, des lignes, des lettres, des livres, des traits, des images. Et puis soudain le message : l’heure, le lieu, la ville, le jour. Un train, une première correspondance, une seconde gare. Une grande gare, une gare très haute, très ancienne, vertigineuse de départ : la voie 11, le train rouge. Gare du Nord. Départ.
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Les sièges rouges, le velours rouge, le paysage sombre, gras de pluie et de froid. Les voix, La plaine, les villes, la frontière, l'autre Nord, Bruxelles midi, nouvelle correspondance. La ligne droite, les villes, les bourgs, les routes, les arbres, la pluie, un nouveau train, des voix, quelques arrêts. Le gras encore plus gras du paysage, l'annonce, l'arrêt, la gare, cette gare. Marcher, le boulevard ; couvrir sa tête, il fait froid. Le milieu d'après-midi, le temps devant soi. l'Hôtel, les marches, le hall, la clef, la chambre, l'étage. Poser ses affaires, se changer, mettre ses vêtements de choix : les jarretières de chaussettes, la chemise noire, le costume noir, le grand manteau, celui avec lequel on est venu. Une écharpe. Un carnet, une plume pour écrire, encre noire. On laisse la clef à l'accueil. On prévient de la venue, puis on sort.
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On regarde cette ville mal connue, on flâne, on prend des images : ombres, pluie, reflets, briques ; toujours ces briques, l'animation de la ville, c'est déjà bientôt le soir. On se choisit un café, une chaleur, on s'installe. On écrit dans le carnet rouge ce que l'on fait là. On commande mais pas trop, on veut garder l'esprit et le corps vif, vide — bientôt il sera plein. Le temps passe. On lit un peu. Une auteure de ce territoire. Et puis c'est le signal. On s'empresse un peu, mais pas trop. On paye, on met ses gants de cuir, son grand manteau, et l’on ressort du café la tête nue. On reprend le chemin à l’envers : les rues, les places, le boulevard, l'Hôtel, l'escalier, le couloir, la porte. On s'arrête. On toque — le signal. Pas de réponse. La clef est sur la porte. Alors on dispose ce masque sur les yeux, on entrouvre la porte, l’on rentre. Aveugle.
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Une présence, on la sent, quelques pas. On sait où elle se retrouve, dans quel fauteuil — on a organisé les lieux pour cela lors du premier passage. On fait tomber son manteau à même le sol, on s'avance encore, puis on s'accroupit, les mains bien à plat, on rampe à genoux : on le sait, c'est la bonne hauteur. On s'avance encore. Juste un souffle. On entend ce souffle. Il nous guide, une main touche un pied, l'escarpin. Non c'est une botte. Une longue botte, ses lacets par-devant ; l'autre est là. Deux longues bottes écartées l'une de l'autre. On remonte les doigts, on s'aligne. Les mains remontent encore. On déboutonne sa veste. On la défait. On poursuit. On touche la peau nue, la cuisse, l’autre. On sait que l'on est là, à l'endroit où le rendez-vous a été pris. Alors on avance lentement le visage et on touche au port. Juste une lèvre puis l'autre. On hume, on inspire, on allonge le souffle. On découvre. On déplie le sillon, l'entrecuisse. Et l'on sort la langue.
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Lentement on mouille l'espace. On passe le replat, d'un bord à l'autre, on dessine la forme, on ne la voit pas, on se crée son image en soi. On écarte les lèvres, celle de gauche, celle de droite, on remonte le sillon entrouvert, on cherche la boursouflure, on la contourne, puis on la pointe ; presque pas de pression, juste un entre-soi. La respiration est plus ample, un premier fil de voix se fait entendre, on sourit. On sourit à ce sexe que l'on ne connaît pas, à ce corps que l'on ne connaît pas, que l'on n'a jamais vu et dont on découvre là, l'existence de la plus belle manière, la plus intime, la plus puissante.
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On poursuit l'embrassement, on met son eau, on goûte les suintements, on s'aventure, on poursuit, on lèche. On a oublié qu'on portait ce masque de tissu sur les yeux. Et puis on sent deux mains, ferme, elles se posent sur votre tête, attrapent vos cheveux, pressent votre tête contre le ventre, le sexe. Elle s'ébranle. On allonge la langue, on allonge le trait. L’eau est là. Les fesses sont là. Les cuisses sont là. Les poils sont là ; bien sûr, la femme n'est pas imberbe, elle porte et soigne la pilosité de son âge, c'est là un de ses charmes. Les bottes vous enserrent par l'arrière. Tous les parfums sont là. Elle serre encore plus fort. Elle cri : « pour toi ! ». Je la lèche. Elle me démasque.
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fin de l’acte 1.
Modèle créé par Alyzéa PLACIDE
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